Après avoir accepté que SOS Méditerrannée débarque 234 personnes à Toulon le 11 novembre dernier, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur promettait des dizaines de reconduites à la frontière. Un débarquement amer pour ces personnes qui ont échappé à l’enfer libyen puis à un risque de naufrage effrayant. Dans les faits, la justice a fait son travail. Presque tous les rescapés sont libres et sont donc en train de poursuivre leur difficile parcours migratoire.
123 refus d’entrée sur le territoire
C’est l’une des missions de l’Océan Viking, le navire affété par SOS Méditerannée les plus médiatisées de ces dernières années et elle a un fort impact politique. Les marins sauveteurs et leurs 230 rescapés ont en effet attendu 21 jours en mer avant de trouver un port de débarquement. Une attente dans des conditions difficiles, avec des personnes qui dormaient sur le pont, malgré une météo automnale. Des enfants qui ne jouaient plus. Le gouvernement français a donc accepté l’Océan Viking à Toulon mais en soignant son image de » non accueil ». Concrètement, le gouvernement a créé une zone d’attente de toute pièce, et dans le cadre de la procédure d’urgence d’asile à la frontière, applicable aux zones d’attente internationales, le ministère de l’intérieur a pris 123 refus d’entrée sur le territoire, considérant, sur avis préalable de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides, qu’une majorité des rescapés n’étaient pas des réfugiés.
La justice a fait son travail
Dans les faits, après examen des dossiers par les Juges des Libertés et de la Détention, et après que le gouvernement ait fait appel dans la plupart des cas, la majorité des personnes ont été admises dans les dispositifs d’asile. Selon le Gisti, (Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s), 183 personnes précisément. Celles-ci pourront faire l’objet de relocalisation dans les 11 pays européens qui ont accepté d’accueillir jusqu’à 175 migrants. Deux maliens ont été refoulés le mardi 22 novembre 2022 vers le Mali et deux Bangladais sont en cours d’expulsion. 44 mineurs non accompagnés sont soit pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, soit en fugue pour poursuivre leur exil. Le suivi des audiences et du travail des associations est détaillé sur le site du Gisti.
L’Océan Viking a repris la mer
Le navire de SOS Méditerranée a repris la mer. L’association doit faire face à une augmentation du coût du carburant et une baisse des dons. Rien de très gai dans tout cela. D’autant que le projet de loi sur l’immigration qui sera présenté au début de l’année prochaine risque de durcir les conditions d’un accueil minimal.
3 décembre 2022
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