Par Chloé Bertrand. Depuis mai 2022, le loup a été filmé ou authentifié sur des photos en Bretagne à plusieurs reprises, dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine. Il avait disparu de la région depuis un siècle. La cohabitation avec les humains semble pour l’instant plutôt bien se passer, même si les éleveurs ovins ont besoin d’un sérieux soutien. Pour Alain Thomas, administrateur du groupe Bretagne Vivante et membre du groupe Loup de Bretagne, le retour du loup est la marque du retour de la grande faune, possible en Europe grâce aux lois et règlementations protectrices de la nature.
Pas vu en Bretagne depuis 1913
Un pelage gris et des yeux noirs. Il pourrait ressembler à un chien, mais pas de doute, sur cette vidéo prise en mai 2022 à Berrien dans le Finistère grâce à une caméra à déclenchement automatique, il s’agit bien d’un loup.Vous avez peu de chance de l’apercevoir si vous vous baladez dans les forêts bretonnes, mais il est bien là. Il n’avait pas été vu en région Bretagne depuis 1913.
Le retour de la grande faune en Europe
Pour Alain Thomas, cette réapparition s’inscrit dans le cadre d’une augmentation, partout en Europe, de la grande faune (cerfs, chevreuils, sangliers, chamois, bouquetins). Naturellement, les loups, situés à une position supérieure dans la chaine alimentaire, font aussi leur retour. Signe du retour de la grande faune. « En Bretagne, on a assisté ces dernières décennies au retour des phoques gris, les veaux marins, des chevreuils, et même du grand cerf, dans les Mont d’Arrée… » précise Alain Thomas. « Il est finalement assez normal que le loup revienne. Tout cela montre que les lois et les restrictions en faveur de la biodiversité permettent de favoriser le retour de la grande faune, en Europe, et donc en Bretagne. C’est un message positif pour ceux qui se battent pour ces questions. »
Des loups dispersants peuvent occasionner plus de dégâts qu’une meute
Un loup ? Deux loups? Le nombre de loups actuellement présents en Bretagne n’est pas établi. Qu’ils soient unique ou plusieurs, ce sont des loups dispersants. Ils sont seuls. « Paradoxalement, ce sera sans doute plus facile quand il y aura une meute, explique Alain Thomas. « Les loups dispersants ne peuvent pas chasser les proies sauvages avec autant de facilité qu’en groupe. Ils ont donc tendance à se rabattre sur des mammifères beaucoup plus faciles à capturer comme les moutons. » Il y a donc des nouvelles habitudes à prendre pour faire coexister la présence des loups et des activités humaines qui peuvent faire l’objet de dégradation du fait de leur présence, comme les éleveurs ovins par exemple.
Accompagner ce retour
L’accompagnement de ce retour a un double objectif : suivre et garantir l’installation de l’espèce tout en soutenant les acteurs économiques impactés par ce retour. Au niveau législatif, la présence du loup est encadrée par des normes : la convention de Berne ainsi que des dispositifs européens garantissant le retour de l’espèce. Dans le Finistère, le préfet a organisé une première réunion sur le retour du loup, en présence notamment des éleveurs ovins qui pourront bénéficier de co-financement pour des mesures préventives, comme des barrières ou des Patous, autrement dit des chiens de défense des troupeaux.
Pour mieux accompagner ce retour, des collectifs comme Loups en Bretagne se sont créés. La structure regroupe deux associations d’étude et de protection de la nature : Bretagne Vivante et le Groupe Mammalogie Breton. Ils amplifient leurs contacts et discussions avec les éleveurs pour un retour dans des conditions idéales.
17 décembre 2022