Une chaire universitaire dédiée à la mode circulaire

Idéalement, acheter trois vêtements par an.

Par Valérie Le Nigen. L’industrie textile est la 7° industrie la plus polluante au monde. Alors certes, le marché de la seconde main a explosé et réduit la production. Chouette. Mais les travaux de la chaire universitaire dédiée à la mode circulaire ( eh oui, ça existe !) montrent qu’on est très loin de la sobriété. Unmondemeilleur.info vous propose de suivre le travail de cette chaire universitaire, Tex&Care, créée à Lille par des chercheuses engagées et passionnantes. Qu’est-ce qui se passe sur le marché de la mode circulaire ? Comment les entrepreneur.euse.s peuvent viser un équilibre économique sans pousser à la consommation ? Et nous les consommat.eur.rice.s ? On fera bien ce qu’on veut ! Mais ça ne nous empêche pas de nous informer.

Pourquoi réinventer notre rapport aux vêtements?

L’ industrie du textile est la 7° industrie la plus polluante au monde. Selon une publication 2022 de l’Onu, le secteur de l’habillement produit entre 2 et 8 %  des émissions mondiales de carbone. En 2050, elle représentera un quart du budget carbone de la planète. De plus, le coton, qui correspond à 40 % de la production textile mondiale, est un grand consommateur d’eau. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la culture du coton engloutit environ 10 % des herbicides et 25 % des pesticides utilisés en agriculture. Et ça ne s’arrête pas là : au niveau social, l’industrie du textile est particulièrement violente avec ses salariées, majoritairement des femmes. En 2013, l’effondrement du Rana Plaza au Bengladesh avait provoqué un choc de conscience, mais selon Oxfam, la situation des ouvrier.e.s, s’est même plutôt aggravée depuis.

« Travailler pour le bien commun »

Isabelle Robert est l’une des co-fondatrices de la chaire universitaire dédiée à la mode circulaire : « la chaire Tex&Care, créée en Lille à 2019, regroupe des sociologues de la consommation, des ingénieurs, des économistes, des designers, des experts en écologie, des psychologues. L’idée est de travailler pour le bien commun et de faire avancer les connaissances sur la mode responsable, éthique et circulaire. » Un observatoire de la mode circulaire a aussi été créé. La dernière étude porte sur la seconde main.« On assiste à un tournant historique. Il faut retourner au 19° siècle pour retrouver une telle dynamique dans le secteur de la friperie. »

Pourquoi réduire aussi sa consommation de vêtements d’occasion ?

On s’aperçoit que cet essor amène certains vendeurs de vêtements d’occasion à acheter plus de vêtements neufs. En 2020, l’institut d’étude Kantar indiquait que 29 % des Français achètent des vêtements ayant eu une première vie mais que les vendeurs sont plus nombreux et concernent 36 % de la population.

Selon un sondage réalisé le 12 juillet 2022 sur un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française âgées de 16 à 65 ans (Observatoire de la mode circulaire Tex & Care en partenariat avec Appinio), l’achat de seconde main est régulier. 33 % des Français déclarent en acheter au moins une fois par mois et 7 % au moins une fois par semaine. Le rythme est surtout soutenu chez les 16-17 ans (10,3 %) et sur la catégorie d’âge 25-34 ans (9,7 %). « Acheter d’occasion est donc une bonne idée, résume Isabelle Robert, mais trop acheter incite certains vendeurs à continuer à acheter neuf de façon frénétique. »

La seconde main qui dédouane de l’achat de première main

Le marché de la seconde main permet de diminuer le volume de production de vêtement neufs mais pas suffisamment. « On n’est pas encore entré dans la sobriété, constate Isabelle Robert. Dans le passé, certains acheteurs de vêtements neufs étaient freinés par le fait qu’ils allaient garder le vêtement.  » Non, je ne vais le mettre qu’une fois ! Je ne l’achète pas. » Alors qu’aujourd’hui, le fait de pouvoir revendre facilement, autorise l’achat effréné. »

« Idéalement, acheter trois vêtements par an »

« Idéalement, pour s’approcher d’une consommation carbone individuelle de 2 tonnes par an, il faudrait se contenter d’acheter trois vêtements éthiques par an. Aimer ses vêtements, en prendre soin, les garder longtemps, les réparer, les faire évoluer. «  Isabelle Robert et toute l’équipe de la chaire Tex&Care ont du pain sur la planche pour comprendre le marché, le comportement des consommateurs et des vendeurs et soutenir toutes ces questions d’intérêt général. Passionnant. On va suivre.

20 octobre 2022

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