Le tribunal administratif de Paris a condamné vendredi 24 juin 2022, l’Etat pour des « négligences fautives » dans l’affaire du chlordécone, utilisé comme pesticide entre 1972 et 1993 dans les bananeraies aux Antilles, mais a rejeté les demandes d’indemnisation des plaignants pour préjudice d’anxiété. Cela reste une avancée décisive.
Que dit le tribunal?
« Les services de l’État ont commis des négligences fautives en permettant la vente d’une même spécialité antiparasitaire contenant 5% de chlordécone », sous divers noms, et « en autorisant la poursuite des ventes au-delà des délais légalement prévus en cas de retrait de l’homologation », selon une décision rendue vendredi 24 juin et publiée lundi 27 juin.
Un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde
Le chlordécone a été interdit en 1990. Après son interdiction, il a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu’en 1993. Or, son utilisation a provoqué une pollution importante et durable des deux îles. En 2022, selon Santé Publique France, 90% de la population adulte guadeloupéenne et martiniquaise est contaminée. La molécule est présente dans les corps des 800 000 personnes qui vivent en Martinique et en Guadeloupe .Les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Des terres polluées pour des centaines d’années
Les terres sont polluées pour des centaines d’années. Les antillais doivent trouver des solutions pour vivre dans cet environnement pollué. Dur. Cette décision de justice est cependant un pas vers une reconnaissance judiciaire du rôle de l’Etat.
A lire : le roman dessiné de la série Tropiques toxiques : Le scandale du chlordécone