Cette actualité judiciaire vous a peut-être échappé. Le 7 octobre 2020, le parti néonazi Aube dorée a été reconnu » organisation criminelle » par la justice grecque. Ce n’était pas gagné alors que ce parti a compté jusqu’à 21 députés élus démocratiquement. Le film » Aube dorée, l’affaire de tous », d’ Angélique Kourounis, raconte l’importance de ce procès. Et les débats qui suivent les projections mettent en lumière les risques de la montée de l’extreme droite et les outils apportés par ce procès historique.
Le 7 octobre 2020, le fondateur du parti néonazi Aube dorée et six cadres du parti sont reconnus coupables d’avoir dirigé et appartenu à une organisation criminelle. Dans la foulée, la cour pénale prononce des peines à l’encontre de plus d’une cinquantaine des 68 accusés, pour direction d’une organisation criminelle, meurtre, agression ou possession illégale d’armes. Cinq ans et demi après le début du procès et sept ans après l’assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas. Vous imaginez ? Un parti reconnu criminel alors qu’il dispose de députés élus démocratiquement au parlement. Alors qu’il représente la 3° force politique du pays.
Des militants ont mis cinq ans de leur vie entre parenthèse
Le film » Aube dorée, l’affaire de tous » raconte le combat de la mère du rappeur assassiné. Il met en valeur comment des avocats et des magistrats ont réussi à lier plusieurs affaires pour que la responsabilité du parti Aube Doré soit examiné, et pas seulement le rôle du meurtrier. Malgré l’importance du procès, la salle d’audience était vide. Mais des avocat(e)s de Golden Down Watch, se sont obstiné(e)s à retranscrire en direct les débats, l’ambiance, les silences. Les textes étaient envoyés directement depuis la salle à des militants qui les mettaient en forme et les diffusaient sur les réseaux sociaux. Un travail d’information titanesque, démarré dès le premier jour du procès. Peu à peu, l’importance de ce qui se jouait dans cette salle d’audience, s’est diffusé. » Des dizaines d’avocats, de militants, ont mis cinq ans et demi de leur vie entre parenthèse. Bénévolement. Un crowdfunding avait rapporté environ 20 000 euros, mais évidemment ce n’est rien au regard de l’investissement de ces hommes et de ces femmes » expliquent Angelique Kourounis, réalisatrice et autrice du film et Thomas Lacobi, assistant et recherchiste.
Quand les avocats de la parti civile n’ont pas le droit de poser des questions
On ressort du film avec l’impression qu’il ne faut jamais baisser les bras. Même quand un procès semble bien mal barré. Dans le cas du procès d’Aube doré, les avocats des parties civiles n’ont pas eu le droit de poser des questions aux députés d’Aube doré qui comparaissaient. Incroyable en droit ! Mais les magistrats ont finalement posé eux même les questions dérangeantes que le parquet ne formulait pas, lui non plus. Bref, ce n’était pas gagné mais ça a marché. Pour Angélique Kourounis, correspondante de Radio France à Athènes et co-autrice du film, « c’est une décision de justice qui peut faire jurisprudence au niveau européen, peut-être même mondial. Qu’un parti soit condamné pour les idées qu’il propage. L’ Europe est au bord du gouffre. Elle ne s’en rend pas compte, mais les idéologies nauséabondes montent. Il faut réagir et cette décision de justice peut ouvrir des horizons. Pour moi, c’est un procès plus important que celui de Nuremberg. «
A suivre : l’appel en 2022, la diffusion du film
A suivre dans l’avenir : l’appel de ce procès en 2022, l’actuelle situation politique en Grèce et ailleurs dans le monde. Et aussi comment l’équipe du film « Aube dorée, l’affaire de tous » va réussir à financer rétroactivement ce document. Le premier film d’Angélique Kourounis, « Aube dorée, une affaire personnelle » est visible gratuitement sur youtube et viméo.
Le deuxième « Aube doré, l’affaire de tous » a besoin de soutien, pour un financement rétroactif et une diffusion large.
Contact de l’équipe du film : goldendawnapublicaffair.com/fr
15 septembre 2021