Par Valérie Le Nigen. Ulysse Mogue et Léo Normand expérimentent l’agroforesterie non loin de la Soufrière, en Guadeloupe, dans des endroits où il pleut le plus au monde. L’aventure a démarré en février 2019. Depuis, leur histoire sent bon la vanille, le café et les sous bois. Et leurs récits racontent la résilience des plantes et l’humilité à acquérir pour mieux observer.
Ulysse était agriculteur urbain à Paris sur les toits avec une envie de revenir en Guadeloupe d’où il est originaire. Léo travaillait dans une association pour développer la filière cacao. Lorsqu’ils se sont rencontrés, ils ont cherché un terrain pour expérimenter leurs passions communes. Ils ont alors entendu parler d’un appel à projet de l’ONF, l’Office National des Forêts qui propose des locations de concession. Ulysse a postulé et signé un contrat de 9 ans pour un terrain d’un hectare et demi, situé à Matouba, dans les hauteurs de Saint Claude. Matouba signifie » Terre de fleurs et d’oiseaux » dans le langage des indiens caraïbes qui habitaient la région avant l’arrivée des colons. Un endroit escarpé où de grandes clairières forestières pouvaient être propices au reboisement et aux cultures.
L’un des endroits où il pleut le plus au monde
Les deux jeunes hommes se sont retroussés les manches avec un cahier des charges très strict puisque l’ONF interdit de planter des entrants, autrement dit des plantes qui ne seraient pas déjà dans la forêt. Avec leurs deux coutelas et leur deux bêches, ils ont donc récupéré des plantes. » Il y a encore des plants de cacao qui ont survécu après l’abandon de plantations. probablement fin du 18°, début du 19° siècle. La résilience de ces arbres est d’ailleurs magnifique. » explique Léo. Mais l’endroit, situé sous le volcan de la Soufrière est aussi soumis à des vents violents et à une forte pluviométrie : 12 mètres d’eau par an en haut du volcan. 7 mètres, dans la parcelle où, dans les premiers temps, Ulysse et Léo voient des trombes d’eau embarquer leurs efforts.
Observer pour s’inspirer »
» On était novice. » se souvient Léo » Au début, on pensait planter surtout du cacao mais on s’est aperçu qu’il valait mieux s’inspirer de ce qui se passe naturellement en forêt. On a donc finalement planté des essences qui poussaient vite et allaient permettre un tapis d’humus, en produisant une matière organique suffisante pour que les fortes pluies n’embarquent plus le sol. » Des plantes à biomasse,. Ou encore le pois doux, cet arbre qui va ensuite aussi servir d’ombrage au cacao et au café. Aujourd’hui, Ulysse et Léo ont planté 200 espèces de fleurs, arbres forestiers, fruitiers, plantes médicinales. Et l’observation et l’expérimentation continuent.
Aller les voir, leur acheter des produits ou profiter de leurs capacités de formation
Ils ont continué à progresser dans leur compréhension du terrain, des successions et association de plantes. » Par exemple, comment utiliser l’espace sous un bananier. Le bananier donne de l’ombre, et le sol est souvent fertilisé par les feuilles qui tombent ». Outre leur précieuse production que vous pouvez acheter, Léo et Ulysse proposent des hébergements, des excursions et leurs expériences en formation. Une belle aventure à suivre sur leur site Frézias-Nature.
19 février 2022
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