Différentes études montrent que les plantes, et notamment les arbres communiquent entre elles par les airs et par le sol pour se nourrir ou se défendre, qu’elles s’échangent des minéraux, de l’eau, de l’azote, du phosphore. Sans tomber dans l’anthropomorphisme ( le fait de plaquer des comportements humains à d’autres espèces), il semble que les plantes prennent soin les unes des autres en communiquant.
Par des substances volatiles
Dans les années 80, l’équipe du professeur Van Hoven a révélé que les acacias attaqués par les antilopes libèrent des substances volatiles comme de l’éthylène. Les arbres qui reçoivent ces substances par le vent chargent leurs feuilles en tanins afin de les rendre toxiques. Dans la foulée, Jack C. Schultz et Ian T. Baldwin, ont reproduit l’expérience chez le peuplier et l’érable en montrant qu’ils communiquent eux aussi par substances volatiles. En 1988, des chercheurs néerlandais des universités de Wageningen et Amsterdam montrèrent que, les plants de haricots et de concombres émettent des molécules volatiles spcifiques lorsqu’ils sont attaqués par l’acarien Tetranychus urticae. Ces molécules attirent l’acarien prédateur Phytoseiulus persimilis, qui va venir détruire les Tetranychus. Depuis, des dizaines d’études montrent les même capacités de communication.
Sous la terre, l’internet des arbres
Des études scientifiques plus récentes montrent que les informations entre les arbres circulent aussi dans le sol grâce à une association symbiotique entre les racines et, des champignons microscopiques appelés des mycorhizes. Les hyphes sont des filaments de champignons extrêmement longs qui tissent comme un réseau filaire de connexion entre les arbres. Ce qui a amené l’expression « wood wide web », « l’internet des arbres ».
La science s’intéresse à l’entraide entre arbres
La compétition entre plantes pour les ressources est connue. Les botanistes, les jardiniers, les observateurs de la nature savent aussi que les plantes « s’entraident » mais cette observation est de mieux en mieux appréhendée scientifiquement. En 2016, des scientifiques suisses ont montré que des hêtres, des pins et des mélèzes utilisent des routes souterraines pour envoyer du CO2, du dioxyde de carbone à d’autres arbres. Du CO2 essentiel pour la photosynthèse. Leur travail est à retrouver dans la revue Science.
En 2019, des chercheurs ont également démontré qu’en Nouvelle Zélande, des arbres (kauri trees) maintiennent collectivement en vie des souches pour s’en servir de réserve d’eau et de minéraux. On retrouve leur étude ici. Ils proposent de considérer l’arbre comme « un élément d’un superorganisme plus large ».
700 capteurs sensoriels
Des scientifiques ont compté plus de 700 sortes de capteurs sensoriels différents sur des arbres, qui leur permettent de modifier leurs formes, leurs compositions chimiques, leur communications. L’équipe de Monica Gagliano, professeure en écologie évolutive à Sidney, a montré que lorsqu’on diffuse un bruit d’eau courante près de plants de maïs, leurs racines se courbent dans le sens de la source du son.
L’arbre aurait une conscience de lui-même
Le français Bruno Moulia a analysé la manière dont les arbres réagissent au vent et en a déduit que les arbres perçoivent leur propre corps dans l’espace. L’étude a été publiée en 2015 ici.
Des questions sans réponse
On ignore encore l’ampleur des interactions dans une forêt. On ignore les raisons de ces interactions. On ignore aussi comment l’arbre stocke les informations. Une nouvelle branche ( ha, ha ! ) s’appelle la neurobiologie végétale. Elle cherche à travailler sur différentes hypothèses.
La reconnaissance de la sensibilité de l’arbre un jour dans les lois?
L’avancée de la recherche sur ces questions devrait permettre de reconnaître l’arbre comme sensible et donc de considérer comme tel. Mais aussi d’avoir les clefs pour réfléchir aux défis de production alimentaire alors que 9 milliards d’humains sont prévus en 2070, et que nous avons intérêt à être plus respectueux du vivant. A suivre.
Le 11 décembre 2021