Toiles, le réseau des maisons accueillantes : un peu de douceur dans le monde des exilés

Toiles, le réseau des maisons accueillantes a été créé en avril 2022 par d’anciens bénévoles à long-terme, qui souhaitent soutenir ces lieux atypiques d’accueil d’exilés. Ils ont recensé une vingtaine de maisons déjà ouvertes en France et estiment qu’une dizaine de projets sont en voie de réalisation. Ils veulent créer du lien, soutenir la dynamique d’accueil, mettre à disposition une boite à outil.

Des toits, des toits en toile, des toits plus stables

Nous rencontrons Marianne Bonnet, l’une des deux salariées de « Toiles, le réseau des maisons accueillantes », à la Margelle, l’un des maisons de Calais. Dehors, il pleut. Des centaines d’exilés dorment dans des camps de fortunes, confrontés à des risques d’expulsion. Selon Pierre Antoine Gélot, président de l’Auberge des Migrants et membre du conseil d’administration de Toiles, on compte « en ce moment, on observe plusieurs évacuations par semaines à Calais. Des campements détruits, des tentes lacérées, de la nourriture parfois gazée ». A la Margelle, nous entrons dans un havre de paix, du moins en comparaison. Le lieu est dédié à l’accueil d’hommes qui souhaitent réfléchir à la possibilité de rester en France, et qui sont particulièrement vulnérables, souvent blessés physiquement ou psychiquement. « C’est l’une des maisons accueillantes du réseau » explique Marianne, installée dans la cuisine, tandis que les exilés passent pour se faire un thé, ou discuter quelques instants.  » Nous pensons qu’il y a une vingtaine de maisons existant en France et une dizaine en projet. Le réseau Toiles a été créé officiellement en avril 2022. On joue avec les mots : des toits en toiles, des toits plus sécurisants et une toile entre les maisons. »

De joyeux moments de partage ou le moral dans les chaussettes

Cette toile entre les maisons, c’est déjà une conviction :  » Les bénévoles ou les salariés qui tiennent ces maisons s’inscrivent dans une dynamique d’accueil. Une toile. Ils ont en commun de vivre dans ces maisons des temps de partage. Cela peut être de joyeux moments, possibles grâce à la résilience incroyable des personnes sur le chemin de l’exil, mais aussi des moments très durs, notamment parce que l’on partage les mauvaises nouvelles qui viennent du pays ou de proches en exil. Toiles veut casser l’isolement de certaines de ces maisons. » explique Marianne.

Deux mi-temps avec des objectifs

Toiles, le réseau des maisons accueillantes a d’ores et déjà réussi à salarier deux salariées à mi temps : Marianne Bonnet à Paris et Laura Houis à Marseille. Elles ont déjà organisé trois rencontres entre les structures et sont disponibles pour soutenir matériellement les bénévoles ou les salariés, qu’il s’agisse de création de fiches de postes, de recherche de bénévoles à long-terme, de soutien juridique lorsqu’une mairie menace de faire fermer la maison « sous prétexte qu’elle n’est pas aux normes pour de l’accueil de public » explique Marianne. Toiles a aussi permis à des maisons du Nord de se regrouper pour récupérer des dons importants de pommes de terre, d’échanger sur la gestion de la gale ou la prévention de la tuberculose avec le soutien de la Pass, un service de l’Hôpital de Calais.Très concret, donc.

Un appel à compétence

L’association lance un appel à compétence pour soutenir les maisons individuellement. Elle cherche des juristes, des avocats, des assistantes sociales, des communicants, des artistes ( à Calais, l’une des maisons souhaiterait travailler avec un.e artiste qui pourrait encadrer un projet de fresque). Bref, l’association a besoin de personnes ressources qui peuvent intervenir ponctuellement ou sur la durée.

Déjà dans le réseau

Des lieux pour personnes en transit : le Refuge Solidaire à Briançon, la Maison Sesame près de Dunkerque, la Maison Mariaskobova ( accueil de femmes et d’enfants en situation de grande vulnérabilité) à Calais, la maison Philippe à Calais, la maison Valentine à Calais.

Des lieux pour hommes, pour souffler et réfléchir à leurs parcours :

La Margelle à Calais

Des lieux pour mineurs non accompagnés : la Casa à Paris; les maisons Utopia 56 à Paris, Tours, Lille; l’école alternative des Monts d’Arrée dans le Finistère

Des lieux de vies mixtes en plus long terme : la Maison Bessouilie à Briançon (demandeurs d’asile et saisonniers)

Un contact

Pour contacter le Réseau des Maisons Accueillantes: maisonsacceuillantes@gmail.com ( avec la faute de frappe, pour l’instant, c’est comme ça!)

A regarder : une vidéo sur la maison Sésame, près de Dunkerque

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