Une augmentation des commandes à LeCourCircuit au moment de la mobilisation de milliers d’agriculteurs

Gonzague Wattel, un producteur, installé dans une station de métro à Lille. Crédit photo Louise Basson.


Par Louise Basson.

Parmi les nombreuses structures qui permettent aux agriculteurs de vendre directement aux consommateurs en circuit court, LeCourtCircuit est une plateforme qui tient bon dans le Nord de la France depuis 2013. Récemment, les manifestations d’agriculteurs en Europe ont souligné le problème de rémunération des petits agriculteurs lorsqu’ils passent par des intermédiaires. Or, pendant ces semaines de crise fortement médiatisées, LeCourtCircuit a vu une augmentation de ses commandes. Bonne nouvelle ! Alors, ça se passe comment ?

Manger en direct aussi en milieu urbain

Alors que la foule des gens pressés en ce vendredi soir sort du métro, Gonzague Wattel patiente entre les caisses jaunes remplies de produits du terroir. Chaque vendredi de 16h30 à 19h30, ce producteur de la Ferme des Marronniers, à Auchy-Lez-Orchies dans le Nord, attend que les utilisateurs de LeCourtCircuit viennent chercher leur panier.

Pionnier des circuits courts depuis 2013, l’initiative portée par trois amis du Nord de la France, part d’un constat simple : de nombreux producteurs proposent déjà des ventes directes depuis leurs fermes dans la région des Hauts de France, mais les initiatives manquent pour manger en direct dans des régions plus citadines, comme Lille. Plutôt que d’inciter les consommateurs à aller chercher les produits sur leur lieu d’exploitation, LeCourtCircuit les fait venir à la ville : un concept de « drive fermier », alliant technologie et circuit court.

87% du prix revient aux producteurs

Jimmy Devemy, co-fondateur de LeCourtCircuit, explique que « choisir son mode de consommation, c’est choisir à qui on donne son argent ». En effet, les producteurs qui vendent leurs produits via la plateforme sont libres de fixer leur prix de vente, duquel ils touchent 87% du montant. Les 13% restants constituent la commission versée à LeCourtCircuit afin de remplir les besoins matériaux et de financer le développement du projet. Ainsi, les consommateurs connaissent le montant que perçoit le producteur, et le producteur fixe le prix juste pour son entreprise. Gonzague Wattel, producteur membre de LeCourtCircuit, confirme que passer par cette plateforme lui « permet de capter de la valeur ajoutée », qu’il ne gagnerait pas s’il passait par un intermédiaire. En effet, les producteurs qui travaillent avec la grande distribution sont souvent perdant dans les négociations sur les prix.

Le mouvement de janvier : un déclic pour Camille

Le mouvement de colère des agriculteurs en janvier et février 2024 a été un déclic pour Camille, étudiant à Lille : « La mobilisation des producteurs m’a poussé à me renseigner sur leurs conditions de rémunération, et j’ai décidé de passer par de la vente directe pour les soutenir ». Camille n’a pas été le seul dans cette démarche. Selon Jimmy Devemy, lors de la plus grosse semaine de mobilisation, LeCourtCircuit a fait un bénéfice de 25% supérieur à une semaine normale. Pour lui, « les consommateurs sont sensibles à ces sujets, ce qui montre que l’on n’est pas loin d’une bascule possible ».

On s’y met?

Et si les conditions de travail des agriculteurs vont sans doute encore faire couler beaucoup d’encre dans les prochains mois, Jean-Pierre, utilisateur de LeCourtCircuit depuis dix ans, rappelle que ces polémiques ne sont pas nouvelles : « J’ai utilisé LeCourtCircuit au début car je trouvais que les producteurs n’étaient pas rémunérés à la hauteur de leur travail, et manifestement ce n’est toujours pas le cas ». Alors, on s’y met?

Crédit photo Louise Basson

8 mars 2024

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