Marine, meunière dans le Loiret, exemple de ces femmes qui prennent une place dans l’ agriculture

Marine Guérineau, productrice de farine dans le Loiret. Crédit photo : ferme de la Manne

Par Lucas Santerre. En France, les femmes représentent seulement 30% des actifs permanents dans l’agriculture. Or, alors que 50% des agriculteurs vont prendre leurs retraite dans les huit à dix prochaines années, ils trouvent un seul repreneur pour trois départs. Autant dire que les femmes sont les bienvenues. Pendant très longtemps, les mœurs étaient telles que la succession vers la fille de la famille paraissait inconcevable. Nous allons donc vous parler de la réussite de celles qui laissent leurs talons au placard pour mettre les mains dans la terre ou dans la farine. Exemple avec Marine Guérineau, meunière dans le Loiret.

Trouver une idée pour sauver l’exploitation familiale

À la ferme de la Manne d’Attray, dans le Loiret, du haut de ces quatre ans, Eliot, fils de Marine s’approche de sa mère un épi de blé germé à la main. Marine Guérineau lui sourit mais prend un instant pour nous raconter son parcours. Cette ancienne vendeuse en prêt à porter féminin, a tout plaqué pour aider son père et son mari à sauver l’exploitation familiale :  » La ferme est dans la famille depuis onze générations. Mon père avait commencé à travailler avec mon grand père en 1989, en diversifiant l’exploitation céréalière, avec un élevage de dindes jusqu’en 2011, puis en lançant un service de récoltes et semis chez nos voisins agriculteurs. Mais 2016 a été une année noire avec de mauvaises récoltes générales. J’ai commencé alors à réfléchir à une solution durable afin de pérenniser l’entreprise familiale. » Vendre des vêtements toute la journée, c’en est fini pour elle. La jeune entrepreneuse trouve son projet en 2017 : « Transformer les céréales produites par mon papa en farine artisanale et la vendre en circuit court. » Elle inaugure son moulin en 2018.

Un moulin en bois à meule de granit

La région Centre Val de Loire est l’un des plus grands greniers à céréales d’Europe mais elle fait face aux importations venues de l’étranger, à des coûts concurrentiels. Marine Guérineau cherche donc à travailler le qualitatif et imagine de faire revivre le métier de meunier d’antan. L’entreprise de la jeune femme propose donc de la farine 100% locale. Elle transforme le blé, le seigle et le sarrasin de l’exploitation familiale en farine dans un moulin en bois à meule de granit. La farine moulue à la pierre, avec un passage à froid est un concept qui plaît. Marine Guérineau propose aussi des préparations pour pâtisseries. L’entreprise a trouvé sa spécificité et tourne à plein régime.

Des kits pour gâteaux. Crédit : page facebook de la ferme de la Manne.

Sensibiliser les enfants au « bien manger »

En tant que cheffe de transformation de la matière première, Marine Guérineau tient à mettre en valeur le blé beauceron. Son objectif est de pérenniser l’exploitation familiale tout en mettant en avant ses compétences en marketing et commerce. En tant que mère, elle est aussi sensible à la transmission et à la sensibilisation des enfants au « bien manger ». Elle prend donc le temps d’accueillir des écoles et des particuliers pour des visites à la ferme. Les clients partagent cet intérêt. Rien n’est jamais gagné, mais elle a réussi :  » C’est un aboutissement de pouvoir maitriser le processus de fabrication du début à la fin, et de voir mes enfants courir dans la ferme. Cela n’ pas de prix !  »

https://www.fermedelamanne.fr/a-propos

28 janvier 2023

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