Au Chili, la gauche donne espoir aux Mapuches

Le drapeau mapuche

Par Pauline Moyer. C’est une bonne nouvelle qui vous a peut-être échappée. En décembre 2021, la gauche a gagné l’élection présidentielle au Chili. Gabriel Boric a été élu dans un pays particulièrement inégalitaire. Depuis, une équipe avance sur un projet de nouvelle constitution. Elle devrait permettre la reconnaissance des peuples autonomes, et notamment celle des Mapuches, ce peuple indien qui compte environ un million de personnes au Chili.

Les droits des peuples autochtones prévus dans l’ébauche

« Le Chili est un Etat social et démocratique et de droit. Il est plurinational, inter-culturel et écologique ». Ainsi commence le premier article de la nouvelle constitution en cours de rédaction. Certes, le texte, présenté dans son intégralité pour la première fois le 17 mai, est encore une ébauche et un long chemin reste à parcourir avant que les 499 articles deviennent les nouveaux fondements de l’Etat chilien. Mais ce processus donne espoir aux Mapuches, qui représentent entre 4% et 9% de la population chilienne et qui résistent et luttent pour leurs droits depuis des années. Ils revendiquent depuis des décennies des droits territoriaux, le droit à l’eau et aux ressources naturelles, sur la base du droit ancestral. Or, la dernière version de la future constitution disponible en ligne, prévoit plusieurs avancées sociales, dont le droit à l’’interruption volontaire de grossesse, la fin de la privatisation des ressources en eau, et la reconnaissance des droits des peuples autochtones.

Remplacer la constitution écrite sous la dictature militaire de Pinochet

Le projet de nouvelle constitution fait suite à un référendum organisé en octobre 2020. 78% des suffrages exprimés s’étaient prononcés pour remplacer la constitution écrite en 1980, sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet. Depuis cette époque, le contexte politique, économique et social a profondément changé et le Chili est devenu l’un des pays d’Amérique latine les plus inégalitaires. En 2019, un mouvement social d’une ampleur inédite cherchant à lutter contre ces inégalités avait secoué le pays. En réponse à ce mouvement de révolte, est née la volonté d’écrire une nouvelle constitution. Malgré un taux d’abstention record de 59%, l’Assemblée constituante a été élue, et chargée de reconstruire complètement les fondations du pays, à partir d’une page blanche.

Des postes réservés dans l’assemblée constituante

Témoin de cette reconnaissance, Elisa Loncón, une universitaire mapuche a été élue présidente de l’Assemblée constituante pendant les six premiers mois, avant de céder sa place, comme prévu par les textes, à une autre femme, Maria Elisa Quinteros. En plus de cela, parmi les 155 sièges qui composent l’assemblée, 17 sont exclusivement réservés aux peuples amérindiens, pour leur assurer un minimum de représentativité.

A suivre le 4 septembre 2022

Mais les grandes lignes de cette nouvelle constitution sont loin de convaincre l’ensemble de la population. La version finale sera soumise à un référendum le 4 septembre, ce qui laisse encore quelques mois pour tenter de dégager une majorité dans le pays, ce qui est loin d’être une mince affaire.

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