Par Marie-Camille Chauvet.
Voyager est un privilège. Rares sont les passeports qui permettent d’ouvrir facilement les frontières. Mais il n’y a pas que la nationalité qui entrave la liberté. Par exemple, le désir de voyage des personnes LBGTQ+ n’est pas simple à satisfaire. Il suffit de s’émanciper des frontières européennes pour constater qu’en 2022, plus d’une soixantaine de pays d’Asie, d’Afrique et du Moyen Orient interdisent l’homosexualité, dont onze d’entre eux la rendent passible de peine de mort. Alors qu’on marche sur la lune depuis plus de cinquante ans, tout le monde ne peut pas faire le tour du globe sereinement. Mais il y a quelques solutions !
Des agences de voyage spécialisées
La communauté LBGTQ+ ne lésine pas sur les moyens quand il s’agit de voyager. Cette fraction de la population a des moyens financiers supérieurs à la moyenne et est particulièrement intéressante pour les secteurs du tourisme. Ainsi, le GETA (Gay European Tourism Association) rapporte que le tourisme LGBTQ+ représenterait 65 milliards de dollars de chiffre d’affaires, soit 8% du total. Ces dernières années, certaines agences de voyages se sont même spécialisées dans ce
type de tourisme, en offrant aux clients la possibilité de préparer des activités et hébergements « safe », permettant à la communauté de voyager sans risques de discrimination.
Loïs, jeune homme transgenre prévoit un tour du monde seul
Sur 196 pays, 71 criminalisent aujourd’hui l’homosexualité. Autrement dit, plus d’un tiers des pays du monde interdisent l’homosexualité. Parmi cette trop longue liste, 11 prévoient dans certains cas la peine de mort. En Afghanistan, en Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis, en Iran, en Mauritanie, au Qatar, au Nigeria, au Pakistan, en Somalie, au Yémen ou encore au Brunei, les personnes homosexuelles risquent expulsion, stérilisation chimique, lapidation et peine capitale.
Si les 60 autres pays ne prévoient pas la peine capitale, la condamnation de l’homosexualité et des autres identités sexuelles dans leurs textes empêche toute une communauté de se sentir en
sécurité. C’est le cas de Loïs, jeune homme transgenre, qui prévoit un tour du monde seul. Parmi les destinations qu’il estime à risque, le Brésil, qui dénombre le plus de crimes contre les LGBTQ+. « Cette destination ne fait pas partie de mes premiers choix, parce que je
sais que mes droits ne seront pas respectés là-bas », confie-t-il.
Voyager quand on est LGBTQ+ n’est donc jamais une mince affaire. Et si les textes semblent parfois protéger les minorités sexuelles des violences, l’homophobie et la transphobie restent un fléau.
Même dans des sociétés qui ne condamnent plus l’homosexualité, l’homophobie se fait parfois ressentir. Lors de ces voyages en couple en Belgique ou au Royaume Uni, Loïs dit avoir senti « un
climat d’insécurité se former » autour de son couple, exerçant « une pression psychologique tout au long du voyage ».
Comment faire pour voyager sereinement?
Pour préparer au mieux leur voyage, les personnes LGBTQ+ doivent ainsi redoubler d’efforts et d’inventivité. Recensement des associations sur place, contact permanent avec la famille dans le pays d’origine, ou encore organisation des destinations avec des agences de voyages spécialisées, on ne lésine pas sur les moyens et on minimise les risques. Loïs nous avoue avoir déjà commencé à dresser sa « liste noire des pays les moins safe »en terme du respect de ses droits.
Asher et Lyric, deux américains qui tiennent un blog de voyage, ont d’ailleurs publié une étude sur les destinations à privilégier ou non lorsque l’on fait partie de la communauté LGBTQ+. Parmi huit
critères retenus, la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, ou encore la criminalisation des violences à l’encontre des LGBTQ+, sont déterminantes.
Trois des destinations les plus prisées par les français condamnent l’homosexualité
Parmi les dix destinations les plus prisées par les français sur les moteurs de recherches en 2021, trois figurent parmi la longue liste de pays condamnant l’homosexualité. Ainsi, si nombre de français rêvent de vacances sous le soleil du Marrakech, d’Alger ou de Dubai, les LGBTQ+ ont donc intérêt à se reporter sur les sept autres destinations, jugées moins dangereuses. Mieux encore, il
existe de véritables repères pour la communauté, certains destinations étant réputées comme LGBTQ+ friendly : Montréal, Malte, San Francisco, Amsterdam, Berlin ou encore Ibiza.
Privilégier les destinations reconnues par la communauté comme « safe », ou les démocraties qui accordent de nombreux droits aux LGBTQ+, semblent ainsi être une première piste. Mais pour
Loïs, qui rêve de son tour du monde, pas question de refuser de visiter certains pays. Sans être une « tête brulée ». Il conseille d’ailleurs d’être bien informé : « de se renseigner sur comment son identité peut être perçu dans le pays, comme il fonctionne, quel est le paysage politique, mais aussi de quoi est fait le paysage militant, avant d’y mettre les pieds. » S’informer et avancer.
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