Par Valérie Le Nigen. Le 17 novembre dernier, la Commission européenne a présenté un projet législatif pour exclure du marché européen les produits qui contribuent à détruire des forêts, et notamment des forêts tropicales. Autrement dit, nous permettre de boire du café, manger du chocolat ou acheter des chaussures en cuir ou un meuble en bois, en étant certains que ce produit n’a pas contribué à la déforestation. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, le Parlement européen et les États membres ont trouvé un accord sur cette nouvelle loi. En 2024, les entreprises qui voudront importer en Europe, devront garantir que le produit n’est pas lié à un territoire déboisé après le 31 décembre 2020, en géolocalisant les parcelles, avec la mise en place d’un système de traçabilité. C’est pas mal, ça !
Faut dire qu’on part de loin
Selon WWF, l’Union européenne est le deuxième importateur mondial de déforestation tropicale. Certes, derrière la Chine mais devant les Etats-Unis. L’étude du Fonds Mondial pour la nature montre que les importations de l’Union européenne ont été à l’origine de 16 % de la déforestation liée au commerce mondial, ce qui en fait le deuxième destructeur de forêts tropicales derrière la Chine (24 %), devant l’Inde (9 %) et les Etats-Unis (7 %).
Un texte qui permet d’éviter de tricher
Le texte permet d’éviter de tricher en laissant les sous traitants brouiller les pistes. Selon Pascal Canfin, président de la commission environnement du Parlement européen, cette loi va obliger « Danone à exiger de ses sous-traitants des coordonnées GPS des parcelles où sont cultivés les tourteaux de soja utilisés pour nourrir les vaches laitières. De sorte que l’on pourra ensuite contrôler qu’il ne s’agit pas d’un territoire ayant été déforesté grâce aux images satellites. »
Hélas, le texte exclut les savanes arborées
« C’est une avancée mitigée, timide », a réagi sur Franceinfo Klervi le Guenic, chargée de campagne chez Canopée, une association spécialisée dans le plaidoyer pour la défense des forêts. Selon son analyse, le texte serait seulement efficace à 40 %, puisque « 60 % de nos importations européennes à risque de déforestation viennent de soja » qui ne provient pas de forêts, mais « des savanes arborées ». Il faudrait donc aller plus loin.
De l’intérêt des consultations publiques
Ce projet législatif et cet accord découlent d’une consultation publique lancée en 2020 par la Commission pour demander une loi contre la déforestation. Vous y aviez peut-être participé ? Plus de 1,2 million de signataires s’étaient mobilisés. De sorte que cette consultation a été la deuxième la plus populaire de l’histoire de l’Union européenne.
Dans les prochains mois, la Commission européenne pourrait élargir cette mesure à d’autres cultures, comme le maïs.
17 décembre 2023