Quand le Geai des chênes reboise la forêt menacée par le réchauffement climatique

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Un geai avec une noix sur une des tables de fruits installée par l’ONF. Photo : Henri Moulin

Avec la hausse des températures et l’irrégularité des précipitations, les forêts de conifères souffrent en moyenne montagne. Les remplacer par des chênes est une bonne idée, mais ces arbres ont du mal à remonter naturellement. Leurs graines sont lourdes, les oiseaux les laisssent tomber plus bas, leur migrations est donc lente. En Isère, l’ONF a donc pensé à mettre en place des tables à fruits suffisamment haut pour que les geais des chênes puissent naturellement transporter les graines d’un coup d’aile.

« Le réchauffement climatique rend vulnérable les forêts d’épicéas »

« Le réchauffement climatique et les sécheresses rendent de plus en plus vulnérables les conifères, particulièrement les épicéas qui manquent d’eau «  explique Henri Moulin, animateur syvicole à l’agence ONF d’Isère. Ils sont notamment menacés par les scolytes, ces insectes ravageurs. Les arbres en stress hydrique ne parviennent plus à reboucher leurs trous provoqués par les attaques des insectes, avec la résine. Remplacer ces conifères par des chênes, des châtaigniers et des noyers pourrait régénérer la forêt. Le problème, c’est que les graines sont lourdes et que les oiseaux ne les remontent pas aussi haut. C’est pourquoi, l’ONF a installé, en 2022, six « tables à fruits », en moyenne montagne. 12 autres ont été ajoutées en 2023. Les massifs de la Chartreuse, de Belledonne, de l’Oisans, du Vercors et du Trièves sont désormais équipés. On en est actuellement à 25 tables dans le département de l’Isère et des forestiers d’autres départements envisagent de déployer ce procèdé à partir de l’automne 2025.

Le Geai du chêne a un jabot pour stocker des graines

Le Geai des chênes pèse environ 160 grammes. Vous pouvez le reconnaitre facilement avec ses petites plumes bleues sur le côté de l’aile et sa queue qui s’apparente à celle d’une pie. Il a surtout un jabot, dans lequel il peut stocker tout une poignée de graines. Il aime particulièrement les glands, les châtaignes et les noix. Il emporte avec lui ces graines qu’il cache dans le sol, à différentes altitudes, en guise de provision pour l’hiver. Il s’assure de ne disperser que des glands sains. Or, il lui arrive de ne plus se souvenir où il les a dissimulés. C’est ainsi qu’il participe au boisement.

En forêt domaniale du Boutat, les premiers semis de chêne ont déjà été observés

L’oiseau, assez craintif, doit se sentir en sécurité pour venir picorer sur les tables. Celles-ci sont donc installées dans des espaces forestiers ni trop ouverts, ni trop fermés. Les agents de l’ONF viennent ensuite recharger régulièrement les tables en fruits. Pour vérifier si ce dispositif fonctionne correctement en Isère, plusieurs pièges-photo ont été installés. Et en forêt domaniale du Boutat, les premiers semis de chêne ont déjà été observés, preuve que le dispositif est concluant. 

27 décembre 2024

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