Barasoup’ à Villeneuve d’Asq : le rendez-vous soupe des étudiants

Par Emma Langevin. Ambiance musique et guirlandes lumineuses. Depuis la rentrée 2022, Anna et Dominique, fondateurs de l’association Barasoup’, distribuent tous les mercredis – midi et soir – des soupes aux étudiants et aux personnels de la fac, sur le campus Cité Scientifique de l’université de Lille à Villeneuve d’Ascq dans le Nord. Des bénévoles les ont rejoints. La distribution du midi finance celle du soir.  Et cette joyeuse action de solidarité dure dans le temps. 

Prix libre à midi

11h40. Dominique arrive avec une camionnette et installe tables et contenants à soupes. Une personne attend déjà. Ce midi, trois recettes sont proposées : la green, la carococo, et l’orientale. Pour en bénéficier, les personnes peuvent « suspendre leur bol », comme indiqué sur l’affiche de l’association. Cela signifie que vous pouvez payer plus cher votre bol pour financer les distributions de soupes gratuites. Plus précisément, le coût de la portion est estimé entre soixante et soixante-dix centimes, mais chacun et chacune peut mettre ce qu’il/elle souhaite dans la tirelire, fabriquée par un bénévole. Cela permet d’acheter les légumes, le pain… et de pouvoir distribuer les soupes gratuitement le soir.

Deux distributions, deux ambiances

Les midis, il règne une ambiance de passage. Les acheteurs de soupe, essentiellement des étudiants, défilent. Entre 12h et 12h30, c’est l’heure de pointe, puis les personnes arrivent de manière plus disséminée. Les étudiants prennent leur soupe dans des pots en carton et filent en cours, en faisant attention à ne rien renverser. Le soir, l’expression « « Barasoup’ » prend tout son sens » comme le dit Dominique. Dès l’installation, une file d’attente se forme. Un barnum, des guirlandes de lumières, des tables, des enceintes, tout est prévu pour que les étudiants aient envie de rester. Tony vient presque toutes les semaines :  » C’est le charme de cette distribution. On y retrouve des gens qu’on aime bien. On partage un bon moment. » Loulou, « recommande ces soupes « locales et non industrielles », qui lui permettent d’avoir un repas gratuit. Elle en a d’ailleurs parlé à Roro, qui vient ce soir pour la première fois. L’association se fait connaitre par le bouche à oreille. Personne ne demande de justifier d’un problème de revenu. Ceux qui ont de l’argent et ceux qui n’en ont pas se mêlent dans une ambiance de bistrot en plein air.

A l’origine, deux retraités qui cherchent à se rendre utiles

Anna et Dominique avaient déjà l’expérience de maraudes avec une association et avaient envie de monter leur propre projet d’aide aux personnes vivant dans la rue. Ils se sont confrontés aux difficultés d’autorisation de distribution dans la rue, tout en observant les difficultés des étudiants notamment pendant le début de l’épidémie de Covid. Ils ont eu l’idée de suspendre le bol , autrement dit de proposer de payer un peu plus la soupe du midi pour financer des soupes gratuites le soir, pendant une balade dans le Massif Central, et plus précisément à Figeac. En effet, une cuisine permet de suspendre le repas, afin d’inviter les personnes vivant dans la rue ou ayant peu de moyens à manger sur une grande table du restaurant. Dominique précise :  » Cette distribution permet aussi de déconstruire les préjugés sur la soupe et de permettre aux étudiants de manger des légumes. »

Des distributions, mais pas seulement…

De cuillère à soupe en cuillère à soupe, les activités de l’association se sont diversifiées. Des étudiants en font leur projet de fin d’année universitaire. Cette année par exemple, Charlotte et Emma travaillent sur la qualité nutritive et sanitaire des soupes. Aussi surprenant que cela puisse être, les soupes sont notées B au Nutriscore en raison de l’ajout d’eau qui dilue les nutriments apportés par les légumes. Les dirigeants de l’association organisent aussi des événements, comme des ateliers pour faire les soupes dans les communes rurales proches de là où ils habitent, ce qui favorise le lien social pour les habitants des villages. Ces ateliers en milieu rural permettent aussi de parler des difficultés des étudiants et de montrer que chacun peut contribuer à sa façon. Marie-Christine est devenue bénévole après avoir vu une publication sur les réseaux sociaux. Isabelle en a entendu parler par une connaissance. Des collectes de légumes et de récipients sont également organisées. La soupe, ensemble, réchauffe les corps. Et les coeurs.

Pour rejoindre l’équipe de Barasoup’: une adresse mail : barasoup.solidaire@gmail.com ou via Facebook

4 novembre 2023

Partager :