Vous le savez : il est devenu primordial de limiter le plastique dans notre quotidien, de privilégier la consigne de verre plutôt que le recyclage. Le Drive tout nu, ce sont des supermarchés zéro déchet en ligne, retrait en drive ou livraison à domicile à Toulouse, Lille et Bordeaux. Leur fondateur, Maxence Lefaure veut démocratiser l’accès à une consommation zéro déchet, en privilégiant la consigne de verre au détriment de l’emballage plastique.
« Le monde déteste le changement, c’est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser ».
« Le monde déteste le changement, c’est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser ». Cette citation de l’inventeur américain Charles F.Kettering, est celle qui guide Maxence dans la pratique de ses éco-gestes. Ce jeune trentenaire a grandi aux côtés d’un père naturaliste, amoureux de la nature. Pourtant, les conséquences du réchauffement climatique restaient encore très abstraites pour Maxence. Mais en 2020, lorsque sa belle-sœur crée son entreprise d’accessoires de bain zéro déchet, sa curiosité s’emballe, « en creusant un peu, je me suis rendu compte qu’il y avait un vrai sujet autour du dérèglement climatique. Aujourd’hui, je suis hyper informé, car je n’ai pas envie de laisser un monde pourri à ma fille ». Alors que rien ne destinait ce jeune consultant en transformation digitale à monter un tel projet, Maxence Lefaure a souhaité aligner ses nouvelles valeurs avec sa vie professionnelle, en créant le premier Drive tout nu, il y a trois ans, à Lille : « notre objectif, c’est de permettre aux citoyens de pouvoir faire leurs courses de façon plus responsable, montrer aux gens que la solution pour limiter l’utilisation du plastique, c’est la consigne de verre et surtout démocratiser cette consommation zéro déchet »
Le plastique, un fléau impossible à éradiquer ?
Le plastique, c’est le démon noir de Maxence. Dès son enfance, les comportements des citoyens autour de lui l’interpellaient : « même si je n’ai pas grandi dans une famille d’écolo, voir des cannettes par terre, ça me rendait ouf ».
À cela, s’ajoute les quantités de gaz à effet de serre qu’émettent la fabrication du plastique à usage unique, ainsi que les dégâts qu’il cause sur nos écosystèmes marins. Un monde noyé sous la pollution plastique ? Une planète qui souffre et qui se dégrade ?
Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de transformer le plastique en un emballage respectueux de l’environnement, notamment avec la création du recyclage.
Malheureusement, sur 26 millions de tonnes de déchets plastiques, seulement 30 % sont recyclés et 70 % sont enfouis ou incinérés.
Un cadre juridique autour du plastique a également été mis en place, avec plusieurs interdictions visant les entreprises. Et pourtant, le plastique continue à être omniprésent dans notre quotidien. Selon Maxence, « c’est un triangle infernal, les particuliers rejettent la faute sur les politiques et les entreprises (…) les entreprises se plaignent du manque de cadre politique, (…), ils se rejettent tous la faute alors que tout le monde devrait s’y mettre. »
A côté de ces échecs politiques, s’ajoute la génération X, qui a grandi avec le plastique, le tout unique, le tout jetable. Finalement, ils ont connu le mode de consommation le plus pragmatique. « Pour eux, le plastique, c’est pratique, ça se jette et on n’en parle plus ».
C’est également pour cela que ce jeune Lillois a souhaité agir, pour entamer un changement de paradigme et construire le monde idéal de demain.
Un monde zéro déchet, c’est possible ?
Ici, au Drive tout nu, en plus de proposer une alimentation locale et respectueuse de l’environnement, les employés conditionnent la majorité des produits dans des bocaux en verre. Le système est simple : « lorsque les bocaux sont vides, les clients les nettoient, puis les rapportent au Drive et nous, on s’occupe de les rincer, de les laver et de les reconditionner ».
En parallèle, afin de valoriser ce mode de consommation, Maxence a choisi de mettre en place un système de bons d’achat : « ça crée un petit jeu, ils n’oublient pas leurs contenants. Ils ramènent 30 à 40 bocaux, donc ça fait très vite trois, voire cinq euros de réduction à chaque passage, au final, ça fidélise le client. » Le choix du verre comme concurrent potentiel à l’emballage plastique, n’a évidemment pas été un hasard pour Maxence. C’est une matière qui représente un composant écologique par excellence, neutre et réutilisable indéfiniment. À contrario du plastique qui ne peut être réutilisé que deux ou trois fois. Réemployer une bouteille en verre permet d’économiser 33 % d’eau, 79 % de CO2 et 75 % d’énergie par rapport à une bouteille recyclée. Il permet donc d’éviter le rejet de 2 millions de déchets par an et préserve les ressources naturelles. Maxence espère que l’Etat va légiférer : « la manière douce, on a essayé ça ne fonctionne pas, il faut légiférer (…) la consigne de verre est train de revenir à grand pas donc on est dans la bonne direction, mais il va falloir rendre ça obligatoire pour les entreprises, comme ça les consommateurs n’auront pas d’autres choix que de suivre ».
11 novembre 2024, Marushka Charrier