Ouverture de l’école populaire du climat : l’association Banlieues Climat affiche de grandes ambitions à Saint-Ouen

Crédit photo : Lilian Nowak. Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, et Féris Barkat.

Une école populaire du climat ? Mais, c’est quoi ? L’association Banlieues Climat a inauguré la première école de ce nom à Saint-Ouen en Île-de-France, le 12 octobre 2024. Le jour de l’inauguration, on s’est glissés dans la foule.

« Une école par nous-mêmes, pour nous-mêmes« 

L’ambiance est festive ce samedi matin à Saint-Ouen. Le maire Karim Bouamrane est accueilli par des applaudissements, de même que Laurence Tubiana, à la tête de la Fondation européenne du climat. Visiblement émue face à cette nouvelle génération d’activistes, la marraine se retourne vers les membres de l’association : « Vous pouvez être fiers de vous. » Banlieues Climat est née en 2022 et a déjà touché des centaines de jeunes dans des quartiers de toute la France. Féris Barkat, l’un des cofondateurs, n’a peur de rien. Ni d’accepter un direct à la télé, ni de lancer des projets ou défier ceux qui se mettent sur son passage. Du haut de ses 22 ans, ce jeune ancien élève de la London School of Economics en politique et philosophie a arrêté ses études pour soutenir la formation de sa génération aux enjeux climatiques en particulier dans les quartiers populaires. Il est devenu un influenceur reconnu et son ambition est claire : « Faire une école par nous-même, pour nous-même ».

“Une journée, une formation, un diplôme”

Sanaa Saitouli, 42 ans, également cofondatrice de l’association, précise comment s’organisera la sensibilisation des jeunes de quartiers populaires au climat : « Nous proposons une formation en huit heures reconnue par le ministère de l’Enseignement supérieur. » La formule est simple : “Une journée, une formation, un diplôme”. Elle s’adresse aux jeunes de plus de 18 ans, aux élèves du primaire, bientôt aux parents et plus globalement, aux habitants des quartiers populaires. L’objectif sera également de former de nouveaux formateurs, grâce à un module d’une semaine.

Des luttes écologiques et sociales liées

Pour l’équipe de Banlieues Climat, l’inauguration de l’école représente une avancée pour la légitimité du collectif. Sanaa Saitouli, cofondatrice de l’association, insiste : « C’est la première école populaire du climat en France, portée par les premiers concernés ». Laurence Tubiana soutient fortement l’initiative: « La crise climatique est une crise qui touche tout le monde, et en particulier les milieux populaires.»Les discours, qui s’enchainent, pointent les inégalités sociales subies. Karim Bouamrane clame haut et fort : «Le grand capital a tué nos parents et grands-parents ! » Abdelali El Badaoui parle de son père mort dans les mines du Nord. Les membres du collectif expliquent qu’ils militent pour que la crise climatique n’impacte pas d’avantage les quartiers populaires, en rappelant systématiquement que les luttes écologistes et sociales sont liées.

Crédit photo : Lilian Nowak. Cette fresque a été projetée sur l’Assemblée nationale par Banlieues Climat. Elle est aujourd’hui dans l’escalier de l’école.

Une délégation au Brésil à la COP 30?

Cette école n’est pas une finalité pour les activistes, mais plutôt une rampe de lancement. Banlieues Climat existe depuis seulement deux ans, mais les écologistes comptent faire de leur école un exemple. Selon Karim Bouamrane, « le message va toucher toutes les banlieues de France, et retentir à l’international ». Sanaa Saitouli explique que « l’association a plusieurs objectifs internationaux, dont notamment la formation d’une délégation pour la COP 30 au Brésil en 2025, afin de plaider devant les États ». Ce projet semble possible car la ville de Saint-Ouen est jumelée avec Belém, ville d’accueil de la COP 30. Ce sera une occasion en or pour l’association, de porter la voix de l’écologie populaire devant des représentants du monde entier.

21 octobre 2024, Lilian Nowak

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