
Au Népal, la pauvreté est telle que 60 à 70 % des hommes sont contraints de migrer pour gagner leur vie, le plus souvent dans les pays du golfe. Les femmes, les enfants et les personnes âgées restent au village. Peu de filles sont scolarisées. Dans la région de Kavrestali, non loin de Pokara, une association, créée par une française, Claire Butez, aide les femmes à s’émanciper. Une aventure humaine hors du commun.
« Grâce au tremblement de terre, j’ai trouvé un sens à ma vie »
En 2007, Claire, 45ans, s’est retrouvée au Népal, afin de venir en aide aux enfants des rues de Katmandou. « Je me suis dis que j’allais, moi, réussir à en sauver une poignée, même si c’est très compliqué de sauver les enfants des rues, surtout de la drogue ». Elle intègre l’équipe de bénévolat d’un orphelinat pendant quelques semaines. L’expérience est si forte qu’elle se laisse aller à une promesse. « Je leur ai dis que j’allais revenir. ». A l’époque, Claire est agent immobilier en France. C’est seulement huit ans après cette promesse, en janvier 2015, qu’elle revient enfin au Népal avec un peu de temps pour de l’humanitaire. Mais quelques semaines plus tard, tout bascule : Claire assiste, impuissante, au séisme du 25 avril. Le bilan est effrayant avec plus de 8000 morts. Le choc est tel qu’elle créé alors une association.«Grâce au tremblement de terre, j’ai trouvé un sens à ma vie » sourit-elle encore aujourd’hui. « Les enfants de Kavrestali » prend rapidement de l’ampleur. Claire lâche tout en France : « Quand tout fait sens dans ton travail, tout qui s’aligne et toutes les portes s’ouvrent (…) je suis à ma place ».
L’emploi : un moyen pour les femmes d’accéder à l’indépendance
Claire identifie plusieurs problèmes plus profonds que les conséquences du séisme. Plus de 60% de la population népalaise s’exile dans les pays du Quatar, par manque d’attractivité professionnelle. À cela s’ajoute le respect de certaines coutumes communautaires. Monogame et patrilocale, la jeune fille népalaise doit intégrer la famille de son époux et se soumettre à l’autorité de sa belle-mère, ce qui dégrade la condition des femmes népalaises. En 2017, Claire lance un premier projet couture. Elle soutient l’installation de quarante femmes népalaises dans le domaine de la broderie. Elles fabriquent essentiellement des sacs à base de chanvre et de tissus recyclés, qui sont ensuite vendus à des partenaires équitables ou encore à des associations. Suite à cette formation, certaines choisissent de coudre uniquement des vêtements pour leur famille et leurs voisins, alors que d’autres, répondent à de petites commandes faites par plusieurs individus du village. C’est donc via leur travail , que ces femmes arrivent à accéder à l’autonomie financière, pour in fine, détenir une
place au sein de la société. Claire agit à son niveau, afin d’offrir de meilleures conditions de vies aux jeunes filles, pour éviter les mariages forcés. C’est dans cette objectif, que cinq jeunes filles népalaises sont soutenues financièrement par des parrains, afin qu’elles puissent exercer de hautes études. Privilégier l’éducation, car « une femme éduquée se marie plus tard et elle détient un pouvoir qu’elle n’a pas lorsqu’elle est mariée à 16-17ans », explique Claire.
Faire confectionner les serviettes hygiéniques par les couturières du village et les former à l’éducation sexuelle
Lors de la première tentative de distribution de serviettes hygiéniques, Claire est
déçue. « La première fois je l’ai sentie, ce n’était pas très bien vu, ce n’était pas fluide», car aucun programme de distribution et de sensibilisation n’avait été pensé. Mais cette bénévole aguerrie, ne perd pas espoir. Dorénavant ce sont les couturières du villages qui confectionnent des serviettes hygiéniques et plusieurs d’entres elles ont été formées pour éduquer les jeunes filles à la sexualité.
Claire décide également de distribuer des serviettes hygiéniques lavables aux enseignants, afin qu’ils les transmettent à leur tour, à leurs épouses. Au fil du temps, elle réussit à « changer les mentalités ».
De l’apiculture au café équitable
L’association, soutenue par plusieurs partenaires financiers, développe l’apiculture, le maraichage, le café équitable… Unmondemeilleur.info a bien l’intention de continuer à suivre cette belle aventure hors du commun.
Marushka Charrier, le 13 octobre 2024