Un quota de temps pour le climat dans les médias? Une censure des propos climato-sceptiques?

Par Emma Langevin et Valérie Le Nigen

Les propos racistes ou homophobes sont sanctionnés pénalement mais ce n’est pas le cas des affirmations climato-sceptiques. Le cadre légal de la liberté de la presse et de ses limites peut-il suffire? Faut-il aussi légiférer sur le temps consacré par les média au dérèglement climatique ? Quota Climat travaille actuellement sur cette question avec l’Institut Rousseau. Un groupe parlementaire s’est emparé du sujet sur certains points. Unmondemeilleur.info suit le dossier.

La crise écologique occupe en moyenne entre 2 et 5% du temps médiatique

Selon le baromètre de l’Affaire du Siècle, le dérèglement médiatique et l’extinction du vivant occupent en moyenne entre 2 et 5% de l’espace médiatique. Même lorsque l’actualité s’y prête ( catastrophes naturelles, publication du rapport du GIEC, catastrophes naturelles, crise de l’énergie ), la question du climat est absente des médias. Sur le fond, les conséquences sont mieux traitées que les causes et solutions. Cela a amené trois femmes, Eva Morel, Anne-Lise Vernières et Lola Morel, à créer l’association QuotaClimat pendant la campagne présidentielle de 2022.

Un projet de loi rédigé par QuotaClimat, soumis à un groupe parlementaire

QuotaClimat a rédigé et soumis un projet de loi à un groupe parlementaire transpartisan ( sauf le Rassemblement National qui n’a pas montré d’intérêt pour le sujet). Parmi les députés qui travaillent désormais sur cette question : Erwan Balanant, Gaziela Melchior, Stéphane Delautrette, Mélanie Thomin, Jean Marc Zulesi etc. Selon Louna Wemaere et Lucas Lallemant , chargés de plaidoyer à QuotaClimat, l’une des idées poussées par leur association est d’imposer « un quota de 20% sur les enjeux environnementaux pendant les périodes électorales. Selon Eva Morel, co-présidente de QuotaClimat, dans une tribune de la Chronique d’Amnesty International, » nous avons longuement hésité à y insérer le principe d’interdiction du climatosceptisisme. Mais il nous est apparu que cette mesure était trop clivante. Nous l’avons donc supprimée pour favoriser une adhésion transpartisane à notre projet. » Le groupe parlementaire travaille actuellement sur le texte et pourrait le présenter dans une niche parlementaire. Quand au texte proposé par QuotaClimat en collaboration avec l’institut Rousseau, vous pouvez le retrouver ici.

Bientôt un outil de mesure de l’espace médiatique géré par l’Ademe

Selon Louna Wemaere et Lucas Lallemant chargés de plaidoyers à QuotaClimat, un nouvel outil de mesure de l’espace médiatique dédié aux enjeux environnementaux devrait voir le jour avec l’ADEME ( l’agence de transition écologique qui dépend des pouvoirs publics) et d’autres associations. Le but sera de mesurer ce temps médiatique sur une plateforme neutre. Le baromètre qui s’appellera « observatoire des médias sur les enjeux écologiques » devrait voir le jour en septembre 2024.

Autre idée : doter l’Arcom d’une capacité de régulation de l’information environnementale

Autre idée poussée par QuotaClimat : doter l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique ( le gendarme de l’audiovisuel) d’une capacité de régulation de l’information environnementale, sur la question de la place des sujets traités et sur les propos climato-sceptiques. Concernant la place des femmes dans les médias, la situation s’est améliorée ces dernières années, selon le baromètre annuel de l’Arcom.

La charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique

Puisqu’on parle info, on vous rappelle que des journalistes se sont organisés via la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique qu’unmondemeilleur.info a signée. Les journalistes porteurs du projet ont organisé début 2024 des rencontres, des ateliers, notamment « comment convaincre un rédacteur en chef de l’intérêt d’un sujet écologique. »On en est là, mais on se bat.

7 avril 2024

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