À Calais, Dunkerque, Loon-Plage, Grande-Synthe, des femmes soutiennent les femmes exilées et leurs enfants qui vivent dehors, dans des conditions de vie très difficiles, dans l’espoir de passer en Grande-Bretagne.
L’association française Refugee Women’s Center travaille depuis 2016 sur le littoral
du Nord et du Pas-de-Calais, avec un choix de non-mixité. Des femmes avec des
femmes. Ce qui permet aux exilées de se sentir plus en sécurité.
Louise sort de l’algéco où travaillent les coordinatrices et bénévoles de Refugee
Women’s Center, dans la cour de l’entrepôt de l’Auberge des Migrants à Calais. Il fait
froid. Elle a l’habitude. Elle a 26 ans et elle est une des trois coordinatrices salariées
de RCW. Avec une volontaire, elle charge dans le véhicule quelques vêtements
chauds. Ils sont rares en ce moment à l’entrepôt. Elle ne cherche même pas les
tentes. Il n’y en a plus. Louise rajoute des tests de grossesse, des tampons, de quoi
faire du thé. Et de la peinture pour textile. Il fait froid mais il ne pleut pas. Des
activités seront possibles.
Donner rendez-vous aux femmes exilées en leur envoyant un point de géolocalisation
L’équipe roule vers un campement à Loon-Plage. Louise se gare et envoie sa
géolocalisation à quelques femmes rencontrées les jours précédents. « Les femmes
exilées sont invisibilisées. Souvent, elles ne peuvent pas se rendre aux distributions
ou dans les espaces proposés par les associations », explique Louise. Pourquoi ?
« Parce que les hommes de leur famille y vont à leur place ou parce qu’elles sont
seules, mais ne veulent pas attirer l’attention pour des questions de sécurité. » Régulièrement, l’équipe de RWC passe dans les campements et engage la conversation. Le contact de RWC se partage ensuite de bouche à oreille.
Passer un bon moment entre femmes
Des femmes arrivent peu à peu. Érythréennes, éthiopiennes, soudanaises. Les
volontaires utilisent Google traduction. « On utilise aussi une plate-forme
téléphonique de traduction pour les échanges individuels dont les contenus semblent
importants pour la personne », précise Louise. Aujourd’hui, RCW propose de la
peinture sur des T-shirt. « On peut aussi chanter, customiser des bagues, des barrettes, se faire un peu de maquillage ou juste discuter. » explique Louise.
Actuellement, environ 300 femmes et enfants dans des conditions de vie déplorables
Ces moments de détente ne cachent pas les difficultés. « Actuellement, 150 femmes
et 150 enfants environ vivent sur les campements avant de tenter la traversée. Dans
des conditions de vie épouvantables », constate Louise. Un petit groupe
d’Érythréennes et d’Éthiopiennes a réussi à rassembler des tentes pour assurer leur
propre protection grâce à la sororité. Les autres vivent en mixité.
Comme les autres associations de soutien aux exilés sur le littoral, RWC fait face à la
violence des pouvoirs publics qui déploient de l’argent et de l’énergie pour entraver le
travail des associations humanitaires. Il y a quelques jours, des engins de chantier
ont creusé une tranchée, rue de Judée à Calais, pour y installer des rochers et
empêcher le stationnement des véhicules de distribution de première urgence. Une
véritable guerre.
Vous pouvez soutenir le travail des coordinatrices et volontaires de RWC en les
faisant connaître, en les soutenant financièrement pour acheter des tentes, des
vêtements… ou en rejoignant leurs équipes de bénévoles. N’hésitez pas à suivre
leurs activités sur leur site.
7 décembre 2023