
Nathalie Pauwels donnait des cours à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille en 2015 lorsqu’elle a découvert l’effet Werther, autrement dit le phénomène de suicides par mimétisme. Depuis, elle a fondé le programme Papageno qui forme des étudiants en journalisme, des rédactions et des « experts » pour changer le regard journalistique sur le suicide. Des personnes qui ont échappé à une crise suicidaire sont désormais prêtes à témoigner. Douze « Ulysses » vont soutenir la campagne prévue à l’automne 2025. Unmondemeilleur.info vous incite à signer leur pétition.
L’effet Werther, qu’est ce que c’est ?
C’est un phénomène mis en évidence en 1982 par un sociologue américain. David Philipps a étudié la hausse du nombre de passages à l’acte après la publication d’un cas de suicide dans les médias. Le nom du phénomène fait référence à une vague de suicides qui s’est produite en Europe lors de la parution du roman de Goethe, « Les souffrances du jeune Werther ».
Parler du suicide, mais autrement
Ce phénomène est tel que l’OMS, l’organisation mondiale de la santé s’en est emparée pour faire des recommandations aux médias et aux journalistes. Nathalie Pauwels s’est consacrée au sujet et proposé onze précautions à mémoriser. Parce que dramatiser, banaliser, romantiser un suicide dans un média a des conséquences directes sur des vies, elle a proposé des modules de formations aux écoles de journalisme. Aujourd’hui, le programme Papageno a formé 2500 étudiants en journalisme, au cours de 90 interventions dans les écoles. Parallèlement, des interventions flash ont été proposées dans des rédactions, en binôme avec des psychiatres. De fil en aiguille, les bénévoles et salariés du programmes ont aussi proposé des séances de médiatraining, autrement dit une aide pour etre plus à l’aise dans les médias à des experts sur la question du suicide. 6 à 700 personnes ont été formées.
A minima, donner le n° du 31 14
Il ne s’agit pas de taire des suicides comme le faisaient les rédactions avant les années 2000. Le silence assourdissant est aussi terrible pour les familles, les proches et les personnes concernées par des crises suicidaires. Mais Papageno propose aux journalistes de toujours rappeler les possibilités d’être aidé. Par exemple par l’écoute au 31 14. Rappeler que pendant une crise suicidaire, toute votre psyché est envahie et empêche de réfléchir. Gagner quelques minutes pour sortir de la crise peut vous sauver la vie.
Des « Ulysses » prêts à témoigner
Alors que la santé mentale a été décrétée grande cause nationale pour cette année 2025, l’équipe de Papagenos a publié un manifeste pour lancer un appel à soutenir des actions visant à lever le tabou autour du suicide et de sa prévention. N’hésitez pas à le signer. Nathalie Pauwels, aujourd’hui en charge du développement national du programme, espère que la mobilisation citoyenne attirera l’intérêt des médias, avec une date phare fixée au 10 septembre 2025. Des personnes qui ont traversé une crise suicidaire sont prêts à témoigner, ce qui est relativement rare sur ce sujet encore tabou. Douze « Ulysses » sont prêts à raconter leurs expériences pour soutenir l’information et les formations données par Papagenos. Bravo et continuons à nous former.
Valérie Le Nigen 5 avril 2025